La société serait sortie pour la première fois en 1899.   Une chose est certaine, c'est en 1949 que "Les Récalcitrants" ont fêté leur 50ème anniversaire ; une médaille commémorative fut gravée à cette occasion et remise à chacun des membres, le Mardi-Gras au matin.   D'après certains témoignages recueillis par Messieurs Glotz et Garin, la discussion qui fut à la base de la scission aurait eu lieu au café "Le Parisien" situé à l'époque dans une impasse de la rue des Trois Escabelles.   Le fait avait une telle importance dans la vie locale qu'il y a tout lieu de croire que la discussion a pu débuter chez Paul Lebeau et se prolonger chez M. Graux, tenancier du "Parisien".

Le nouveau groupement désirant sa liberté, tenait ses réunions tantôt dans un café de la ville, tantôt dans un autre.  "Les Récalcitrants" qui voulaient avant tout être indépendants (sic) se renseignèrent des prix demandés "à l'étranger" pour la location d'un costume de Gilles et donnèrent des directives à Madame Clémence Beaumez afin de que la location du costume complet, chapeau compris, revienne à 55 francs au lieu de 65.  La mise était également diminuée de 10 francs.  Fernand Deprez a été le premier Président de la Société.   Les "Deprez" ont fourni des générations de Gilles au Carnaval de Binche.   Mais les "Deprez" sont également pour beaucoup dans la vie des Récalcitrants.   Nous les retrouvons à chaque instant de l'histoire de la société.  Qu’il se prénomme Fernand, Edgard, Paul, Richard ou Henri... Merci.

Lors du premier Carnaval qui suivit la première guerre mondiale en 1920, après une année de deuil, Fernand Deprez reforma la société, mais comme il quittait Binche, il transmit la présidence à Monsieur Joseph Deliège père.   Dans son livre "Fé l'd'Gille", Charles Deliège précise que c'est lors des funérailles d'Auguste Goffaux, deux semaines avant le Carnaval, que quelques Récalcitrants ont décidé "dè r'monter" leur société et il ajoute qu'ils ont fait le Gille à 21.   La société a donc bien failli disparaître comme ce fut le cas pour bien d'autres après 1918.    Joseph Deliège décéda en octobre 1934.  En 1935, Camille Delhalle semble avoir repris la présidence mais déclina pour des raisons de santé.   C'est en 1936 que Charles Deliège accède à la présidence.   Charles Deliège (El Blanc Deliège) naît à Binche le 08 mai 1901 et y est décédé le 02 septembre 1970.    

Entre 1920 et 1935, le nombre de récalcitrants variera entre 21 et  94 Gilles.   Les années de faible participation peuvent s'expliquer par les différentes crises économiques qu'a connu la Belgique et nos régions.   Toutefois en 1936, la société aurait compté 104 Gilles.   C'est cette année que les travailleurs (à la suite d'une grève de 6 semaines) ont obtenu une semaine de congés payés.  Entre les deux guerres, les départs des "soumonces" et des sorties des Jours Gras se faisaient alternativement du "Grand Café Royal" à la rue de Mons et du café "Central" à la rue Notre-Dame. 

En 1946, les Récalcitrants comptent 163 participants.   En 1947, 172 Gilles.  Ce nombre est excessif, c'est alors que se fonde la société soeur, les Réguénaires qui sortira pour la première fois en 1948.   Cette même année, les Récalcitrants fixèrent définitivement leur local au café "Central" tenu à l'époque par Auguste Deliège (El Gusse du Central) puis par sa fille Louise et son gendre François Garin, et Blanche, leur soeur et belle-soeur.    

En 1949, Son Altesse Royale le Prince Régent autorise la société les Récalcitrants à porter le titre de Société Royale.    Cette même année, Charles Deliège (étant bourgmestre de la Ville depuis deux ans) dut renoncer à la joie de faire le Gille pour assumer la responsabilité de ses nouvelles fonctions.   La présidence fut alors exercée par son ami Louis Babusiaux jusqu'en 1951.

Paul Deprez, alors échevin, accepta la charge de président à partir de 1952 tandis que Charles Deliège devenait Président d'honneur.  

Le 5 décembre 1966, le comité de la société envoie à chaque sociétaire un courrier donnant le programme du Carnaval 1967 et annonce en post-scriptum que la société envisage de créer, dès le début de l'année 1967, une cagnotte gérée par la société et qui permettra de préparer financièrement les Carnavals prochains.   Quelques jours plus tard, le 27 décembre 1966, une seconde missive est adressée aux membres de la société.  Un délégué passera à partir du samedi 11 février 1967, ce délégué sera chargé de récolter les mises fixées par le cotisant et de lui remettre quelques semaines avant le Carnaval.   Un bulletin est à compléter et est à remettre à Mr Jean Avaert au 10 rue de la Gaieté avant le 22 janvier.    La Cagnotte des Récalcitrants est ainsi née.

A partir du 1er janvier 1967, le local "Café Central" est géré par Gilles Richard et son épouse Monique, à laquelle la société a attribué le titre de marraine d'une "cagnotte" de la société.

En 1974, la Société Royale fête son 75ème anniversaire.  Cette anniversaire fait l'objet d'un film tourné par Alexandre Keresztessy "Des Hommes, Des Masques, Une Ville" produit par la R.T.B.F.  

Alors que Paul Deprez devient Président d'honneur, c'est en 1981 que Charles Derave prend la présidence.    C'est à son initiative qu'en janvier 1984 sort le premier numéro du périodique trimestriel "Le Récalcitrant".  

En 1994, Christian Beaufort succède à Charles Derave qui devient Président d'honneur de la société.   

Pour reprendre un mot d'Henri Deprez, il n'est pas facile de parler de Christian sans évoquer des moments "beaux et forts".  Président d'un inoubliable centième couronné par une visite Royale, président du dernier Carnaval du 20ème siècle, président du premier carnaval du 21ème siècle, Christian a conduit sa société aux travers de tous les événements,  les prestigieux et les autres,  à la manière d'un Grand.  

Vice-Président depuis 1995, c'est en 2001 qu'Henri Deprez devient président des Récalcitrants.  

Le 07 novembre 2003, l'UNESCO proclame Le Carnaval de Binche chef d'oeuvre du Patrimoine Mondial Oral et Immatériel de l'humanité.

En novembre 2013, Etienne Joie succède à Henri Deprez à la présidence de la société. Au même moment, Jacques Chevalier cède le secrétariat à Frédéric Ansion.